En RDC, Kabila contre son opposition, qui vaincra ?

Article : En RDC, Kabila contre son opposition, qui vaincra ?
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17 janvier 2017

En RDC, Kabila contre son opposition, qui vaincra ?

Tous les grands ténors de l’opposition en RDC disaient haut et fort, sur tous les tons, que le président Joseph Kabila ne serait plus en fonction après la fin de son mandat constitutionnel, le 19 décembre 2016. Un bien beau discours, très bien accueilli par tous ceux qui ne juraient que par l’alternance. Quant à moi, je me demandais s’il ne s’agissait pas là que de vœux pieux.

En effet, il y a loin de la coupe aux lèvres. C’était en soi une excellente chose, presque un exploit inattendu, que la majeure partie de l’opposition soit enfin parvenue à parler le même langage et à faire un front commun, sentant qu’il y avait péril en la demeure. Mais il y avait lieu de s’attendre au même perpétuel recommencement. Sous le régime du maréchal Mobutu, en effet, l’opposition avait déjà fait un front commun : l’ « Union sacrée de l’opposition radicale et alliés » (USORAL), qui avait accouché d’une souris.

Sur quoi misait la « Dynamique des forces acquises au changement » pour gagner son pari ? Sur des marches pacifiques ? Mais qui avait dit que ces marches ne seraient pas, comme toujours, sinon réprimées du moins dispersées ou empêchées ? La Dynamique comptait-elle sur le bruit des sifflets ? Malgré le bruit des casseroles pour le faire partir à la fin de son « mandat constitutionnel » en 1990, Mobutu était resté au pouvoir sept ans durant et n’était parti que par la force des armes. Encore est-il vrai qu’en janvier 2015 les manifestations populaires, quoique réprimées dans le sang, avaient pu déjouer une tentative de coup d’Etat constitutionnel. Mais ici l’enjeu était bien plus important.

Des faux calculs

L’opposition semblait compter sur le soutien de la communauté internationale. Cette communauté internationale est pourtant désignée par certains Congolais comme responsable des malheurs de la RDC. Je me souviens qu’en 2011, c’est elle qui validait presque Joseph Kabila, qu’elle annonçait pourtant mal élu face à Etienne Tshisekedi  qui ne s’est jamais avoué vaincu. Les critiques, les sanctions financières et l’interdiction de voyager de cette communauté internationale ne pouvaient pas changer grand-chose : cela n’a dissuadé ni Al-Assad, ni Kurunziza, ni Mugabe, ni encore moins El-Béchir.

Pour éviter de nouvelles violences, deux schémas étaient possibles. Le meilleur, à mon avis, est celui-ci : le président sortant devait faire preuve de courage et de bonne volonté en respectant sans atermoiements la Constitution qu’il avait lui-même solennellement promulguée et sur laquelle il avait deux fois prêté serment. Mais cela aurait été trop lui demander !

L’autre schéma possible de sortie heureuse du pétrin était le dialogue national. Mais ce dernier venait d’être détruit par le Président Kabila à travers ses déclarations en Ouganda par lesquelles il annonçait que le calendrier des élections ne serait connu qu’après l’enrôlement des électeurs. Or, c’était là une matière centrale du dialogue qu’il avait convoqué. Dès lors, à quoi ces assises servaient-elles encore ?

En tout état de cause, l’opposition congolaise me semblait mal armée pour obtenir le départ du pouvoir de Joseph Kabila, frappé d’inéligibilité après ses deux mandats constitutionnels. Les violences étaient tout à fait prévisibles.

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Commentaires

Schraûwen
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Article intéressant et bien écrit (-ce qui ne gâte rien !).

thylulenspiegel
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Ravi de l'appréciation du coach.